Réflexions sur les échanges d’une fin d’après-midi de septembre gorgée de soleil. Nous étions une cinquantaine de personnes pour deviser sur la place de l’environnement dans la présente campagne électorale. Il est difficile de cerner la question environnementale et de déborder les énoncés de principe semble-t-il. Et pourtant, les trois panelistes ont su baliser la voie sur la manière d’inclure l’environnement dans un débat politique.
De l’importance de se fonder sur des faits parce que tout a une dimension environnementale. Tant Christian Simard, que Marie-Hélène Vandersmissen et Jean Dubé ont insisté sur l’obligation de s’appuyer sur des faits pour donner la perspective environnementale des enjeux soulevés pendant la campagne électorale. Ce serait le premier geste à poser pour introduire l’environnement dans le débat. Pour la région de Québec, le cas du troisième lien semble exemplaire. Bien sûr que la congestion entraine des pertes de temps, des frustrations riches de tension nerveuse et des émissions polluantes. Tenir compte de l’environnement consiste à bien documenter ces impacts afin de mieux débattre des solutions visant à les remédier.
De l’importance de penser en système. Il s’impose de relier la diversité des aspects environnementaux soulevés par des enjeux précis. La congestion à la tête des ponts montre par exemple que la façon d’atténuer ses impacts se répercute au-delà des gens pris dans le trafic. La solution du troisième lien serait onéreuse et temporaire. Certes, mais encore faut-il établir ces autres projets pour lesquels les moyens ne seront plus disponibles. Établir le coût d’opportunité du troisième lien pour juger de sa pertinence. Aussi exposer la dynamique sur le développement du territoire qu’imprimerait à plus ou moins longs termes ce nouveau pont. Aller au-delà des préoccupations immédiates pour se projeter dans l’espace et dans le temps. Ce serait cela faire de la place à l’environnement dans le débat électoral.
De l’importance de mettre les efforts nécessaires pour intégrer la dimension environnementale. Le message est brutal. Aborder des enjeux électoraux sous l’angle environnemental, c’est exigeant. Comprendre les faits et les conséquences nécessite de consacrer du temps et de l’énergie à s’approprier des données et à les organiser en système. C’est long et épuisant. La seule analyse des plateformes électorales des différents partis afin d’y débusquer la place de l’environnement et de faire des comparaisons s’avèrerait une entreprise plutôt fastidieuse. Imaginez ce qu’il en est pour un projet comme le troisième lien. C’est là où le prof d’évaluation environnementale se sent concerné. Il importe de former des individus dont la tâche est de savoir comment rassembler les faits et les organiser en système pour faciliter des décisions par le plus grand nombre de gens concernés par des projets de développement comportant des impacts environnementaux.
Le meilleur parti, en matière d’environnement, serait celui qui possède les meilleurs réflexes environnementaux pour encadrer le développement et réagir aux surprises. Voilà ce que je retiens des commentaires et échanges exprimés le 19 septembre dernier. J’en remercie les trois panelistes qui ont fait cheminer l’auditoire par la vivacité et l’intelligence de leur prestation conjuguant urgence et confiance tout en donnant un sens particulier à l’idée de changement en politique.